Lutte contre la poliomyélite : une mobilisation transfrontalière cruciale dans le bassin du lac Tchad

Lutte contre la poliomyélite : une mobilisation transfrontalière cruciale dans le bassin du lac Tchad

Bangui, 26 juin 2025 – Alors que l’Afrique a franchi une étape historique avec l’élimination du poliovirus sauvage en 2020, la lutte contre la poliomyélite reste d’actualité. Dans la région du bassin du lac Tchad, la circulation persistante du variant de type 2 du poliovirus continue de menacer les acquis. C’est conscient de ces risques, que les pays du bassin du Lac Tchad (LCB) ont organisé des réunions techniques qui ont abouti au Plan de coordination transfrontalière pour l'éradication de la poliomyélite 2024-2025.En réponse, la République Centrafricaine (RCA), le Cameroun et le Tchad ont adopté une stratégie transfrontalière coordonnée pour stopper la transmission du virus dans cette zone sensible.

C’est dans ce contexte qu’a été lancé, à Damara, dans le district sanitaire de Bégoua, le deuxième passage des Journées Nationales de Vaccination (JNV) contre la poliomyélite, couplées au déparasitage à l’albendazole. Prévue du 26 au 29 juin 2025, cette campagne s’inscrit dans le Plan d’action régional 2024–2025, porté par les pays du bassin du lac Tchad avec l’appui des partenaires de l’Initiative Mondiale pour l’Eradication de la Poliomyélite (IMEP), notamment l’OMS, l’UNICEF, GAVI, la Fondation Gates, le CDC et le Rotary International.

Prenant la parole au nom de l’IMEP, Dr Adan Baku, Coordonnateur a.i. de GPEI à l’OMS en RCA, a salué la détermination des autorités et des acteurs de terrain. Il a rappelé que la RCA n’est pas seule dans cette lutte, que le virus circule au-delà des frontières et que seule une stratégie collective, centrée sur l’équité vaccinale et la protection de chaque enfant, permettra d’interrompre définitivement la transmission. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la vigilance épidémiologique dans les zones à haut risque et de maintenir la pression vaccinale, y compris dans les zones reculées ou difficiles d’accès.

Les zones frontalières sont particulièrement vulnérables. En 2024, 274 cas de poliovirus ont été notifiés dans le bassin du lac Tchad. Depuis le début de l’année 2025, 71 détections ont été rapportées, dont deux en RCA : l’un à Bouar-Baoro, en lien avec une émergence au Cameroun, et l’autre dans un chantier minier à Gaga, dans le district de Bossembele. Le Tchad voisin a déjà notifié plus de 30 cas cette année. Ces chiffres confirment que les zones de passage, les marchés transfrontaliers, les sites miniers, les campements nomades ou les zones de déplacement doivent rester sous haute surveillance et faire l’objet d’opérations coordonnées de vaccination.

S’exprimant au nom du Ministre de la Santé et de la Population, Dr André Kouabosso, Directeur Général de la Population et des Soins de Santé Primaires, a souligné l’urgence d’agir dans les districts sanitaires frontaliers. Il a insisté sur l’implication des autorités locales, des chefs traditionnels et des leaders communautaires pour garantir l’adhésion sociale et la couverture complète des enfants, notamment ceux vivant dans les zones à faible accès ou en situation de vulnérabilité. Il a rappelé que la réussite de cette campagne repose sur une mobilisation collective et une approche intégrée des interventions de santé.

À Bégoua, malgré des avancées logistiques – 65 % des formations sanitaires sont aujourd’hui dotées de la chaîne de froid – la couverture vaccinale reste insuffisante. En 2024, seulement 77 % des enfants avaient reçu la troisième dose du vaccin pentavalent, loin de l’objectif national de 95 %. L’ambition pour le premier semestre 2025 est d’atteindre au moins 86 %, avant de consolider les acquis dans les mois à venir.

La campagne inclut également l’administration d’albendazole aux enfants de 12 à 59 mois, conformément aux directives du gouvernement en faveur de l’intégration des interventions à haut impact. Elle marque un engagement fort : atteindre tous les enfants, sans exception, même dans les zones les plus éloignées.

Face à un virus sans frontière, seule une riposte unie et coordonnée permettra à la sous-région d’atteindre l’objectif commun : un avenir sans poliomyélite.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
René Koundou IFONO

Chargé de communication

OMS - République Centrafricaine

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